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   L’OMS ne fait  plus de différence entre les modes d’allaitement des  enfants de mère séropositive et ceux de mère séronégative, pour les pays d’Afrique subsaharienne. Si la mère est traitée par des antirétroviraux  (ARV), la transmission mère-enfant du VIH par l’allaitement est très faible (1  à 2%) Quelques précautions et soins peuvent diminuer encore la transmission du  VIH. 
    La  consultation régulière des recommandations actualisées de l’OMS  et celles du pays est recommandée. 
    
  1.   Données sur l’allaitement des nourrissons de mère VIH +
              Les traitements par ARV ont beaucoup réduit le risque de  transmission du VIH pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement. Ce  risque est passé de 15 - 45% à moins de 5% (dont 1 à 2% attribuables à  l’allaitement au sein). Par conséquent, ces mères peuvent (doivent) offrir à  leur nourrisson les avantages de l’allaitement au sein, en particulier la  protection contre les causes les plus courantes de mortalité infantile.  
              Lorsque les antirétroviraux ne sont pas disponibles, il  faut cependant conseiller aux mères d’allaiter exclusivement au cours des six  premiers mois de la vie et de continuer d’allaiter encore pendant toute la  période d’allaitement complété, jusqu’à au-delà de 2 ans (2). En  effet, plusieurs études en Afrique du Sud, au Botswana, au Kenya et au Malawi,  ont montré que les nourrissons de mères séropositives non traitées avaient une  forte mortalité quand ils n’étaient pas allaités, quel que soit le niveau  socio-économique de ces mères. Si l’enfant est allaité, la mortalité cumulative  sur 3 mois est de 6,1%. Si l’enfant n’est pas allaité elle est de 15,1% (1). 
              Si  l’enfant est contaminé, il doit continuer à être allaité par sa mère et traité.  Il ne doit pas être sevré. 
  
  2. Comment réduire les risques de transmission du virus
  Comme tous les nourrissons, l’enfant de mère séropositive  doit être allaité exclusivement jusqu’à 6 mois. En effet, grâce aux facteurs de protection du lait maternel, l’allaitement  exclusif protège les muqueuses oro-digestives de l’enfant et limite le  passage du virus. Si l’allaitement est partiel, les muqueuses deviennent plus fragiles  et perméables au virus.  
              Les risques de transmission du virus  par le lait maternel peuvent être encore diminués en prenant quelques  précautions :  
            • Mettre l’enfant au sein dès la  naissance (protection du colostrum), 
            • Prévenir les lésions de la bouche ou  du tube digestif de l’enfant. Même microscopiques, ces lésions facilitent la  pénétration du VIH. Il importe donc de : 
    - ne pas donner à l’enfant d’autre aliment que le lait  maternel. Même l’eau ou  les tisanes sont  irritantes pour les muqueuses, 
    -  ne jamais pratiquer de gavage ou de lavement, même avec de l’eau simple,  
    -  traiter les plaies buccales et les candidoses (muguet) de l’enfant et toutes  les maladies digestives dès qu’elles apparaissent.  
            • Prendre soin des seins. En effet, le  sein malade d’une mère séropositive risque d’avantage de transmettre du VIH. Il  importe donc : 
  -  De prévenir les crevasses, les engorgements et les mastites par une bonne  installation pour les tétées (Cf. document 06b) et par l’expression manuelle  douce du lait en cas de tension mammaire (Cf. encadré ci-dessous), 
-  De traiter les crevasses et les mastites. 
          • Expliquer à la mère l’importance  d’un allaitement exclusif strict dès la naissance et jusqu’à 6 mois. 
            Pendant le traitement de ces maladies  de l’enfant ou de sa mère, la mère peut exprimer son lait à la main (Cf.  encadré ci-dessous) et le chauffer pour éliminer le VIH avant de le donner à  son enfant (3). (Cf. encadré ci-dessous). 
  Tout sevrage partiel (avant  six mois) est associé à un risque accru de malnutrition et à une  morbi-mortalité accrue, que l’enfant soit né d’une mère en parfaite santé ou d’une  mère séropositive. 
  Pour l’allaitement maternel exclusif de 0 à 6 mois,  se reporter au Document 06b ‘’Allaitement maternel‘’. 
   3. Allaitement au sein à partir de  6 mois
              Les enfants de 6 mois à deux ans  sont particulièrement exposés aux infections multiples dans un environnement  tropical. Ils ont d’autant plus besoin des effets protecteurs du lait maternel.  
    L’administration  d’antirétroviraux (ARV) permet à ces enfants de continuer à être allaités au  moins jusqu’à 24 mois et même au-delà, tout en réduisant sensiblement le risque  de transmission du VIH (4) (5) (6). Même lorsque les antirétroviraux ne sont pas disponibles, il faut  conseiller aux mères de continuer d’allaiter (4)  (5) (6). 
                De même  que pendant l’allaitement exclusif, après 6 mois, la transmission du VIH est  abaissée par la prévention et le traitement des pathologies du sein et du  mamelon, par le traitement de toute maladie digestive de l’enfant, par  l’absence de gavage et de lavement. 
    Pour l’alimentation du nourrisson de 6 à 24 mois, se  reporter aux Documents 06a ‘’Principes généraux de l’alimentation du jeune  enfant‘’, et 06e ‘’Les  Bouillies Concentrées Liquéfiées dans la prévention  de la malnutrition‘’. 
  
  4. Alimentation de la mère séropositive  pour le VIH  
  L’allaitement nécessite environ 650  Kcal de plus qu’un régime habituel. Une alimentation diversifiée et abondante  permet de répondre à ces besoins supplémentaires.  
    La séropositivité peut provoquer ou aggraver une dénutrition.  Il est essentiel de prendre en compte l’état nutritionnel de la mère pour  compenser sa dénutrition et répondre aux besoins supplémentaires de  l’allaitement.  
    La bouillie BAMiSA peut permettre un apport alimentaire supplémentaire  de bonne qualité à raison de 2 à 3 bouillies par jour (500 à 750 Kcal) prises  en plus de l’alimentation habituelle (2 sachets de 500g de farine BAMiSA par  semaine). Si la mère n’a pas de troubles buccaux ou digestifs, la bouillie  BAMiSA peut être consommée sans être liquéfiée par du malt. 
    
  
    
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         Technique de l’expression    manuelle du lait 
             Se laver les mains. Demander à la mère de    prendre son sein entre le pouce et les autres doigts au bord de l’aréole ou    même un peu plus loin du mamelon. Appuyer un peu vers l’arrière (pour saisir    les premières glandes), presser fermement entre les doigts, puis relâcher la    pression. Répéter le geste de manière rythmée tant que le lait coule.    Déplacer les doigts et faire le même geste de tous les côtés pour vider    toutes les zones du sein. En cas d’engorgement, pour ne pas blesser les    glandes, commencer par un massage plus doux en faisant glisser les doigts    jusqu’à la base du mamelon. Un peu de graisse (beurre de karité, huile de    palme…) peut aider. Quand le sein est un peu assoupli, appuyer plus fort. La    mère ne doit jamais se faire mal, car cela bloque l’éjection du lait et cela    peut blesser les glandes. 
         Exprimé dans un récipient bien propre,    le lait maternel est, soit donné tout de suite à l’enfant, soit recouvert et    gardé à l’abri de l’air (conservation de 6 à 8 heures à température    ambiante).  | 
     
   
    
  
    
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         Technique du chauffage du lait maternel  
          (Procédé Pretoria) (3) 
        Chauffer jusqu’à ébullition environ 500    ml d’eau (soit un demi-litre ou 2/3 d’une bouteille de bière) dans une petite    marmite ou une casserole. Sortir la casserole du feu et placer dans l’eau    chaude le récipient contenant 50 à 150 ml de lait maternel. Remettre le    couvercle et laisser refroidir. 
        Attendre que le lait soit tiède pour le    donner au bébé. 
        Le chauffage du lait sans ébullition    permet de conserver des effets protecteurs du lait maternel, de mieux le    conserver, et si besoin de le débarrasser des bactéries pathogènes et des    virus dont le VIH. Le VIH est détruit à 56°C. 
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  Bibliographie 
  
    - 1 Bradshaw D, Chopra M, Kerber K, et al. (2008) Every death counts: use of mortality audit data  for decision making to save the lives of mothers, babies, and children in South  Africa. 
      Lancet 371: 1294–304
 
    -  2 Doherty T, Sanders D, Ameena  G, Jackson D (2011). Implications of the new WHO guidelines on HIV and infant  feeding for child survival in South Africa Bull WHO 89: 62-67
 
    -  3 Jeffery BS, Mercer KG (2000)  Pretoria pasteurisation: a potential method for the reduction of postnatal  mother to child transmission of the human immunodeficiency virus.
 
    -  4 OMS Juillet  2010. Alimentation du nourrisson et du jeune enfant Aide-mémoire n°342.
 
    -  5 WHO 2018 HIV and infant  feeding in emergencies: operational guidance.
 
    -  6 WHO/UNICEF 2019. Advocacy  Brief. Breastfeeding and HIV.
 
   
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